D’ HIPPOCRATE aux TERREURS PSYCHOLOGIQUES* dans la MARINE *(29 item sur 44 du LIPT de la définition d’Heinz LEYMANN) Par Arnaud Alexandre

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Hippocrate

D’ HIPPOCRATE aux TERREURS PSYCHOLOGIQUES* dans la MARINE *(29 item sur 44 du LIPT de la définition d’Heinz LEYMANN)

Par Arnaud Alexandre

Déstructuration :

Hervé, aspirant de réserve, a été accepté comme Volontaire Officier Aspirant. Les places sont rares. Les diplômes, la capacité physique, l’équilibre psychologique, les compétences extra scolaires sont examinés et notés sur des critères élevés. La Marine sélectionne les meilleurs.

Dirigé vers une unité opérationnelle, il se retrouve dans une situation surprenante et frustrante : la formation est du niveau stage de 3e des collèges. On lui fait miroiter des jours meilleurs le temps de finir son intégration dans l’équipe. Qui dit intégration dit bizutage. Si les officiers « formateurs » manquent d’imagination quant aux activités préparant à l’emploi, ils n’en manquent pas quant à leurs tests d’initiations, avec des ordres absurdes et dégradants : interdiction de parler, sauter en mer depuis les quais tout habillé, se déguiser en bécassine etc.….

Darwinisme Social :

Puis il arrive, bien sûr, un moment où le cobaye se rebelle. Le Pacha décide alors dans sa grande sagesse de le mettre à disposition des infirmières de l’équipe avec l’accord du Médecin. Sans être dit, une dégradation dans l’emploi. La direction de la marine n’est pas informée. Il n’a pas été recruté comme Officier Marinier préparateur en pharmacie, mais comme Officier Opérations.

Ce « service » de santé du groupe gère l’infirmerie à terre et celles des patrouilleurs et du bateau base opérations. Dans un premier temps, il lui est demandé de faire l’état du stock du matériel et médicaments nécessaires aux urgences. Il constate assez rapidement, que pour l’infirmerie à terre, le matériel comme les médicaments ne peuvent plus être utilisés de par leur date de péremption. Il en informe les infirmières et leur demande de faire le nécessaire. Il n’obtiendra que des réponses dilatoires. Cela ne présente qu’un danger limité, les marins pompiers sont proches.

Sur l’un des patrouilleurs, il se retrouve devant le même type de problèmes. Là c’est différent. Ce laisser aller est coupable, il peut faire courir un danger aux marins en cas de blessures en mer. Devant ce niveau de risque, il s’adresse directement au Médecin du groupe opération afin qu’il prenne les mesures devant ces défaillances. Ce dernier ne se sent pas impliqué par ces produits périmés inutilisables, il le renvoie vers les infirmières. Rien ne sera fait. Hervé s’interroge, à quoi bon lui confier un travail, s’il ne sert à rien ?

Sur l’autre patrouilleur, Hervé constate que l’audit santé nécessaire à la navigation n’est plus valable. Avec le précédent fâcheux sur son compte-rendu auprès du Médecin, il contacte l’auteur de l’audit périmé pour connaître la marche à suivre pour une mise à jour.

Cet autre Officier de santé, se rapproche alors du Médecin de l’unité dont il est le supérieur, pour avoir des réponses aux problèmes soulevés par Hervé.

Brutalités Psychologiques :

Hervé se retrouvera sans bureau et un peu plus isolé. Le Médecin lui ordonnera de faire une classification alphabétique des médicaments (dégradation supplémentaire dans la fonction, maintenant opérateur). En plus des pressions psychologiques du médecin, Hervé doit subir le mépris & les tests initiatiques du groupe. Ces violences lui provoqueront des crises d’angoisses, d’insomnie et une phobie de l’unité.

Devant ce rabaissement et l’impact sur sa santé, Hervé verra le Médecin de l’équipe en tant que praticien. Il lui demandera de cesser et faire cesser les faits de harcèlement qui ont un impact sur sa santé. Pour le thérapeute, il n’a pas besoin de repos. Cependant, il le dirigera vers une consultation en Centre Médical Psychiatrique. Il demandera à ce centre spécialisé, sans en informer Hervé : « l’impact que l’état psychique de ce jeune homme pourrait avoir sur son emploi (service à la mer, port d’arme…) ».

Devant l’angoisse permanente qu’il ressent et devant la position du Médecin, Hervé appellera SOS médecin qui lui prescrira un arrêt de maladie pour dépression. Le Médecin du groupe refuse cet arrêt de travail et le déchire. Il ne lui trouve aucune valeur. Il lui rédige alors un arrêt de maladie avec sorties interdites et obligation de rester cloîtré dans sa chambre sur la base, pendant un mois. Il ajoute : « là ce qui va se passer en fait, c’est que tu vas avoir l’avis psy et on va faire un conseil de réforme dans la foulée et de là jusqu’en octobre tu seras civil, t’auras pas de revenus, c’est comme ça que ça va se finir » sur un ton constitutif d’une agression.

Il s’en suivra une violente crise réactionnelle qui nécessitera une hospitalisation en urgence d’Hervé. Le médecin militaire devant la résultante de ses actes, modifiera l’arrêt de maladie sur le livret médical d’Hervé, il le notera avec sorties autorisées. Il contactera le psychiatre déjà sollicité pour « évaluer de l’opportunité d’une hospitalisation ». Hervé portera plainte.

La semaine suivante le médecin recevra les conclusions du CMP par un psychiatre habilité auprès du Tribunal de Grande Instance : D’une part Hervé ne présente pas de pathologies. D’autre part une mise en cause de l’environnement néfaste de la base est soulevée.

KAFKAÏEN ! :

Pour la consultation de fin de congés maladie, le Médecin du groupe semble faire preuve d’empathie : »Je lui explique qu’il n’est pas malade, et n’est pas dépressif…/…pas de troubles du sommeil, mange bien ». Il fait à Hervé une reprise de travail avec retour à son unité/poste de travail.

L’arrêt de maladie avait plus d’un mois. Le médecin demande à Hervé de se rendre après cette consultation dans un HIA distant de 430 Kms, avec son propre véhicule, pour valider la décision de reprise. Il ne sera remis à Hervé, pour les remettre au psychiatre du HIA, ni le document exposant le motif de la consultation, ni la conclusion du CMP le trouvant indemne de toute pathologie psychiatrique.

Le lendemain, le médecin expert du HIA : « en plus voilà rien ne justifie de prolonger éternellement vos congés maladie parce que les soins euh on voit, dés lors que vous êtes extrait du milieu enfin vous allez mieux donc euh voilà. » Il reconnait le harcèlement et il lui délivre un certificat d’arrêt de 93 jours, avec une consultation au terme.

De retour sur la base, Hervé remet au médecin du groupe le certificat de convalescence qui lui a été délivré. Le praticien le refuse, le déchire. Il rédige un « congé de maladie jusqu’à la commission de réforme ». Surprenante contradiction avec l’avis de l’expert et sa propre décision médicale de le déclarer apte à la reprise sur son poste 48 h avant. Est-ce la perte du cobaye qui le fait réagir ainsi ?

Hervé contacte alors le service de l’Hôpital Inter Armées pour avoir des éclaircissements sur cette discordance. Il lui sera confirmé 8 jours après, par courriel qu’il lui a bien été délivré un arrêt de convalescence de trois mois. Une copie, signée, est en pièce jointe.

Devant cette situation absurde, Hervé demande la communication de l’ensemble de son livret médical. Il lui faudra 1 mois pour obtenir un dossier incomplet (la loi fait obligation du dossier complet dans les 8 jours).

Entre-temps, le praticien du groupe, demandeur du passage en commission de réforme, en urgence, le reçoit : « dans un contexte de harcèlement vous étiez en situation de fragilité psychologique, vous avez décidé de rester et c’était votre droit » – « vous verrez, je suis pas devin, peut-être que vous continuerez à être équilibré comme ça ».

A la réception de son dossier médical, reçu une semaine avant la commission de réforme, il constate de nombreuses anomalies : Ce dossier ne comporte pas l’expertise du psychiatre habilité auprès du T.G.I.. Il ne comporte pas le certificat de 1re constatation de l’hospitalisation suite au clash avec le Médecin et faisant état de harcèlement. Il n’y figure pas l’arrêt de convalescence que lui a délivré le psychiatre du HIA, il trouve à la place un « inapte définitif à servir » avec une date identique.

Il y découvrira une demande du médecin de l’unité qui aurait été rédigée le même jour où il lui a délivré un certificat d’apte à revenir à son poste. La date d’enregistrement informatique diffère de 9 jours. Il peut s’agir d’un document antidaté : « Il n’est pas du tout inquiétant…/… pas de troubles de sommeil, pas de troubles de l’appétit, il semble avoir un bon réseau de connaissances qui le soutiennent…/… la discordance et la bizarrerie…me font évoquer une entrée en schizophrénie, mais on ne note aucun élément délirant ».

Il constate également la présence d’un certificat de visite du médecin contrôleur qui l’a mis en convalescence. Le rapport, apparemment antidaté au jour de la consultation au HIA, a été enregistré 7 jours après la demande en urgence de la commission de réforme, sur son livret de santé. De plus, l’argumentation et la conclusion présentent une certaine divergence.

Dans l’argumentation : « le patient manifeste un vécu de persécution de la part du médecin du (groupe) » – « aucun antécédent psychiatrique…/…ni de problème relationnel. Il a pratiqué différents sports de compétition. » – « ce jour, le contact est bon. Le patient présente une thymie neutre. Son discours est cohérent et compréhensible ».

Dans la conclusion : Nous proposons un classement P= 4

NB: la commission de Réforme ne se prononce que sur la conclusion.

Désempathie* totale (* d’après Françoise SIRONI) :

Avec ses demandes à différents services de santé civils & militaires, Hervé réussira à trouver deux documents. Ils ont été rédigés 2 mois et 4 mois avant la commission de réforme.

Rédigés par le médecin du groupe, ils traduisent sa volonté pour une destruction psychologique et sociale d’Hervé. Tout en déléguant, lâchement, la responsabilité à d’autres.

Le premier document est identique dans son développement à celui qu’il a trouvé dans son livret de santé et daté (antidaté ?) au jour de la consultation de reprise.

Les conclusions sont divergentes :

Dans son livret de santé, ce sont celles que le médecin du groupe a transmis à Hervé comme conforme à la demande auprès de la C.R. : « on ne note aucun élément délirant« .

Dans celui retrouvé par le HIA, les conclusions sont extravagantes, voire délirantes :

« on ne note aucun élément délirant (sauf peut-être cette histoire d’agression qui a pu être en partie source de délire). L’autre hypothèse est celle d’une personnalité perverse, intolérante à toute forme de frustration, les éléments allant dans ce sens sont l’espèce de jubilation qu’il dégage lorsqu’il parle de son dépôt de plainte. Dans tous les cas, il me semble qu’il présente une personnalité incompatible avec la poursuite de son engagement »

Le deuxième document date de 4 mois avant la commission de réforme. Il est rédigé à partir d’informations « émanant de tierces personnes ». Il a été communiqué à différents services psychiatriques. Il ne figure pas dans le livret de santé. Il a été très difficile à trouver. Il porte le titre : « éléments médicaux en lien avec la consultation ». On y découvre :

– L’origine de l’intensification des agressions psychologiques :

« J’ai été obligé de le reprendre …/…lorsqu’il a contacté directement ma hiérarchie santé pour faire état de la mauvaise gestion de l’infirmerie…/… et surtout sans utiliser la voie hiérarchique ».

– La dé-classification de l’emploi et de la fonction :

« mettre à jour les infirmeries des bâtiments sur lesquels il était mis pour emploi »

– L’agressivité visant à dévaloriser et humilier :

« j’ai appris par ailleurs qu’il serait inscrit dans un club de tir et qu’il voudrait s’acheter une arme à feu », « il a été vu, dans la chambre d’un mousse mineur » – « il a un comportement visà-vis du tabac et de l’alcool inquiétant » – « l’Aspirant Hervé est-il en train de présenter une personnalité psychotique délirante ? », « Présente-t-il un trouble susceptible d’entraîner une réforme? …/… pourriez vous me fournir un classement P ? ». « absolument délirant son histoire d’agression »

Ce document est plus proche d’un fichage d’individus, dont les sources sont indéterminées (j’ai appris, il a été vu, On), que d’éléments médicaux ! C’est peut-être parce que ce document pouvait se retourner contre lui, que le médecin le fera disparaître pour rédiger 2 mois plus tard le même souhait d’élimination, d’allure plus médicale.

Les médecins militaires sont-ils dispensés du serment d’Hippocrate ?

Ils ne dépendent pas de l’ordre des médecins pour les actes pratiqués dans le cadre de l’armée.

Ils se doivent de respecter le décret du 16 septembre 2008 qui fixe les règles propres au praticien des armées. Les articles 6, 14, 15 en particulier n’ont pas été respectés pour le cas d’Hervé. D’après l’article 69, seule la Ministre des Armées est habilitée à saisir le conseil de déontologie médicale.

Conclusions :

Alors qu’il était déjà sous pression psychologique de par le Médecin, Hervé a fauté. Il a signalé une situation qui pouvait mettre en danger la vie d’équipages en Mer. Le praticien militaire responsable, réprimandé, a diligenté deux expertises, contre Hervé, à deux services différents. Il a supprimé les documents médicaux en résultant qui ne lui convenaient pas. Il a bafoué la dignité humaine : vous étiez harcelé, vous êtes resté c’est votre choix ; vous portez plainte, vous êtes réformé. Pourtant, d’après la loi : Aucune mesure ne peut être prise contre un militaire parce qu’il a engagé une action en justice pour harcèlement.

Arnaud Alexandre

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