Pourquoi vouloir faire disparaître la gendarmerie ?

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Pourquoi vouloir faire disparaître la gendarmerie ?

Par Bertrand Cavallier , ancien général de gendarmerie — 

Source: https://www.liberation.fr/

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Un syndicat de police majoritaire appelle au démantèlement de la gendarmerie. Le problème n’est-il pas plutôt que la police a perdu la confiance d’une grande partie de la population après sa mise en cause dans de nombreux faits de violences ? Une situation qui traduit un profond malaise démocratique.

Tribune. Depuis des mois, la gendarmerie nationale est victime d’une campagne visant purement et simplement à sa disparition et dont la violence est inédite. Ourdie par le syndicat majoritaire des commissaires de police (SCPN), cette offensive politique a été révélée par une lettre ouverte adressée au ministre et au directeur général de la police nationale (DGPN) en juin 2019 intitulée «avertissement» (1). Elle a été relayée depuis le début d’année, lors des vœux syndicaux avec des outrances inadmissibles sans oublier les propositions éminemment corporatistes de policiers lors des travaux du livre blanc sur la sécurité. Cette campagne est à tout point de vue surréaliste.

Un syndicat représentant la quasi-totalité des dirigeants d’une administration exige la disparition d’une autre. Le peuple français dans le respect d’une continuité remontant à la Révolution française, a, par la loi du 3 mars 2009, installé la gendarmerie, force armée, comme un des deux piliers de la sécurité intérieure. Cette volonté des représentants de la nation repose sur une relation de confiance confortée par les faits. La gendarmerie révèle en effet chaque jour dans sa zone de compétence (51 % de la population, 91 % du territoire) sa productivité de sécurité, elle constitue une assurance pour la nation dans les crises par sa capacité sans égale de mobilisation, elle est enfin pleinement identifiée pour son exigence déontologique. Cette volonté s’explique également tant rationnellement qu’intuitivement par le refus d’une captation de l’appareil d’Etat, sous l’effet d’une force unique, aux effets notamment particulièrement dangereux pour l’indépendance de la justice.

Relisant le programme d’Emmanuel Macron, nulle part n’est mentionnée une telle intention. Or les revendications syndicales et, désormais, certaines propositions lors des travaux du livre blanc relaient cette obsession chez certains cadres policiers de chasser les gendarmes des aires périurbaines, ce qui conduirait de facto au démantèlement de la gendarmerie. Les premiers perdants seront les citoyens avec un risque politique et électoral induit considérable. Au motif que la police nationale est compétente dans les grandes métropoles, ces syndicats de police considèrent la gendarmerie comme une force rurale avatar d’une histoire vieille de huit siècles qu’il est temps de clore. S’il est vrai que la police nationale est une institution jeune née en 1941, elle est aujourd’hui de son aveu même au bord de l’implosion.

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